Monsieur Le Préfet,
Vous avez décidé, comme le prévoit le décret 23 Mars 2020, d’interdire les marchés dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de COVID 19. Aussi nous déplorons cette décision unilatérale
alors que de nombreux marchés se sont déroulés ces derniers jours dans de très bonnes conditions. Si vous maintenez ces fermetures, cela aura des conséquences graves à différents égards. Un fort
risque existe de réorientation des usagers vers les grandes et moyennes surfaces dans lesquelles les probabilités de contamination sont accrues du fait de la libre circulation de produits, de
l'échange de caddy… Les mesures sanitaires dans les grandes surfaces sont loin d’être satisfaisantes au regard des prescriptions pour combattre la COVID 19. Les petits commerces alimentaires qui
existent dans nos villages et quartiers ne pourront pas satisfaire la nombreuse clientèle fidèle de ces marchés, composés essentiellement de petits producteurs locaux (viande, volailles,
fromages, maraîchers..). Sans compter les personnes âgées ou les personnes ne possédant pas de moyen de locomotion pour se rendre dans ces grandes surfaces, pour qui le marché est le principal
moyen d'approvisionnement en produits frais. Ensuite, l’absence des marchés, favorise les supermarchés (grands groupes de l’agroalimentaire qui se sortiront de la crise plus facilement) où
souvent, les prix sont plus élevés et les produits de qualité inférieure. De plus, ces groupes ne font que très rarement appel aux petits producteurs. Cette situation met également en
danger la pérennité des fermes et maraîchages gravement menacés, selon nos informations, à très court terme, notamment par l'arrêt d'activités ou de productions invendues, périssables...
Pourtant, en allant sur les marchés de plein air, chacun a pu constater que les producteurs mettent tout en œuvre pour assurer l'approvisionnement alimentaire de la population dans les meilleures
conditions sanitaires : pas de libre-service, stands et files d'attentes espacés, nombre de personnes limité, respect des mesures sanitaires individuelles etc...
C'est d’ailleurs avec un très grand esprit de responsabilité, de solidarité et par sens du devoir que les paysans et paysannes agissent quotidiennement pour maintenir et garantir
l'approvisionnement alimentaire de toutes et tous dans les meilleures conditions possibles, en particuliers lors de la commercialisation.
Vous l’avez compris, nous n'acceptons pas que l'ensemble de la population soit privé d'un mode d'approvisionnement sécurisé fondamental et les producteurs de débouchés. Vous devez maintenir
et pérenniser l'approvisionnement en nourriture sur tous les territoires de notre département en l'adaptant à cette crise sanitaire et mortifère. Cette crise du COVID-19 ne doit pas être prétexte
à détruire le travail quotidien que le monde agricole, entreprend pour relocaliser la production et assurer la souveraineté alimentaire, ni profiter à la concentration de la production et au
circuit de la distribution par les grandes surfaces car rien ne justifie que ces espaces soient plus protecteurs que les circuits en vente des grandes surfaces. Aussi, Monsieur le Préfet,
nous vous demandons d’être attentif au maintien de la tenue des marchés de notre département, que ce soit dans les villages ou dans les quartiers des villes de l’Indre, puisqu’ils répondent à un
besoin et à une nécessité pour l’alimentation des habitants, tout en prenant toutes les précautions sanitaires. Le décret du 23 mars 2020 laisse la possibilité de leurs réouvertures sur votre
décision après avis des maires. Nous vous remercions donc d’organiser la réouverture des marchés de notre département dans les conditions sanitaires adaptées et de nous faire connaître
précisément les raisons fondamentales des risques singuliers du maintien de la fermeture éventuelle de certains d’entres-eux. Enfin, nous vous demandons également, dans ce
contexte de manque de débouchés pour les producteurs locaux et de grandes difficultés alimentaires pour les citoyens les plus fragiles de bien vouloir réfléchir, dans l’urgence, à organiser avec
les chambres consulaires et les communes la redistribution d'éventuels invendus auprès des associations caritatives de l'Indre (banque alimentaire, secours populaire, secours
catholique...).
Restant à votre disposition, Monsieur Le Préfet, veuillez recevoir nos cordiales salutations.
Pour la Fédération de l’Indre du Parti Communiste
Français
Dominique BOUÉ
Pour l’association départementale des Elus Communistes et Républicains
Jacques PALLAS
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